Texte psychographié : l'éducation et l'instruction l
On ne comprend pas assez ce que deviendrait l’enfant dont l’éducation aurait été soignée etque l’on aurait fait instruire sur toutes choses.La classe aisée, me direz-vous, fera facilement instruire ses enfants, parce qu’elle en aura lesmoyens, mais il ne peut en être de même pour les familles pauvres.La pauvreté cependant n’exclut pas nécessairement l’étude, et beaucoup de parents pourraient,s’ils comprenaient mieux leur tâche, donner à leurs enfants les moyens de s’instruire, parexemple en travaillant, si possible, deux heures de plus par jour.Ne voyons-nous pas beaucoup d’enfants dont l’intelligence est au-dessus de la moyenne ?Mais, livrés à eux-mêmes, que feront-ils devenus hommes ? Ils iront grossir l’armée desinutiles et des mécontents, alors qu’avec un peu d’instruction ils auraient pu être utiles auxautres.En général, la faute en est aux parents qui se refusent à l’effort nécessaire qui permettrait àleurs enfants quelques années d’études.Ce n’est pas ainsi que doivent être envisagés les devoirs du père de famille ; ce n’est pas ainsique l’on participe au travail commun. Si vous regardez à deux fois avant de donner lemoindre petit effort supplémentaire, vous n’irez pas vite, vous serez arrêté par tout dans lavie ; la plus petite difficulté vous fera prendre le chemin de traverse et vous voudrez vousdisculper ; mais ne croyez pas échapper à votre responsabilité en disant : « Je n’ai pas eu letemps, mes moyens ne me le permettaient pas ».Quand on ne veut pas comprendre ses devoirs de père de famille, on peut trouver milleraisons pour s’excuser aux yeux du monde, peut-être, mais rien ne pourra vous justifier devantvotre conscience qui, un jour, se réveillera et vous rappellera durement la réalité.Songez donc sérieusement et dès maintenant à l’avenir de vos enfants ; travaillez sans relâche,facilitez leur instruction, afin que plus tard, par votre incurie, ils ne soient pas arrêtés à chaqueinstant dans la voie du progrès.Considérons, à présent, les Ecoles modernes et la vie des étudiants.Vos Universités ouvrent aujourd’hui leurs portes aux étrangers. Cette jeunesse qui se coudoieen étudiant sera susceptible, dans l’avenir, de faire des hommes d’affaires, des hommespolitiques qui, en temps opportun, se souviendront de leurs camarades d’études, et c’est ainsique des alliances entre certains peuples s’établiront.Plus on verra dans les Universités s’associer les races, plus on étendra le règne de la fraternité,et ainsi, s’éteindra la haine des peuples, et l’homme s’acheminera vers son avenirmerveilleux : le règne de la Liberté de Pensée et d’Etude.Ce n’est pas en ayant deux sortes d’enseignements que l’on arrivera à la fusion des idées ; uneseule Ecole s’impose pour tous. Ecole où riches et pauvres recevront le même enseignement,un enseignement vraiment libre ! Comment voulez-vous trouver dans le monde la liberté depensée si vous ne l’imposez pas dès l’école ?Il n’y a pas d’âge pour s’instruire ; l’homme qui est soucieux d’apprendre, apprend toute savie ; il apprend au fur et à mesure que son intelligence lui permet de s’adapter auxconnaissances nouvelles.Je vois que beaucoup d’entre vous disent : « C’est très difficile d’apprendre ». Si par avancevous dites que c’est très difficile, il est certain que vous apprendrez peu de chose. Lorsquevous apprenez un métier, dont l’apprentissage vous demande trois années, par exemple, lapremière année vous accomplissez vos exercices avec une certaine difficulté, mais à mesureque vous avancez, ce qui, d’après votre conception, vous avait paru un monde, n’est plus pourvous qu’un jeu d’enfant.Il en est de même pour toutLes grands hommes passent leur vie à étudier ; pourquoi ne consacrerait-on pas, dans lesclasses laborieuses, une heure chaque jour à l’étude ? Tous vous pourriez le faire ; même lesimple ouvrier qui va tous les jours à son travail, pourrait, s’il le voulait bien, se donner àl’étude d’une manière suivie et, de ce fait, changer complètement les conditions de sa vie.Ainsi il se rapprocherait du niveau des maîtres, qui ne pourraient pas dire en parlant delui : « C’est un homme avec lequel on ne peut discuter, c’est un ignorant et un sot ».Voilà, mes amis, ce que pourrait donner l’étude ; travaillez donc, étudiez ; vous développerezvotre intelligence, vous aurez libre accès dans les discutions ; vous pourrez défendre vosintérêts et, plus tard, ceux de la société, ceux de votre pays. Même instruit, si vous avez biencompris, vous ne traiterez jamais avec mépris et dédain ceux de vos frères qui seraient restésignorants, mais vous les aiderez si possible à se développer.En un mot, combattez l’ignorance sans la froisser, préconisez l ‘étude autour de vous et parvotre manière de faire, simple et généreuse, faites-la aimer.